(Extrait de J. BARTELOUS, Nos premiers ministres de Léopold Ier à Albert Ier 1831-1934, Bruxelles, Collet, 1983)
SYLVAIN VAN DE WEYER 1802-1874
Au lendemain des traités de Londres, Sylvain Van de Weyer, le très rationaliste ministre plénipotentiaire de Sa Majesté le roi des Belges auprès de la Cour de St-James, s'en allait répétant: «La Belgique neutre et loyale n'a besoin d'autres canons que ceux de l'Eglise. »
Le spirituel ministre, qui prononçait cette boutade, aurait pu en parlant de sa naissance, déclamer comme Victor Hugo:
Ce siècle avait deux ans ; Rome avait remplacé Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte.
Seulement, le poète était né à Besançon à l'ombre du palais Granvelle et son père était général, tandis que Sylvain Van de Weyer vit le jour à Louvain près des halles universitaires et son père était commissaire de police.
Après l'annexion en 1810 de la Hollande au Grand Empire, le commissaire de police fut envoyé remplir ses fonctions à Amsterdam auprès du duc de Plaisance, ex-citoyen Lebrun, troisième consul de la République et ancien secrétaire de Maupéou, ministre de Louis XV, devenu en 1810 gouverneur des nouveaux départements. Le commissaire amena naturellement avec lui sa famille et, un moment, son fils songea à entrer dans la marine. La bataille de Leipzig lui fit abandonner les horizons lointains pour le ramener à Louvain sur les bords paisibles de la Dyle où ses parents, victimes des malheurs du temps, se livraient désormais au divin commerce de bouquiniste.
Ne pouvant être marin, Sylvain Van de Weyer décida qu'il serait avocat et il s'inscrivit à l'université de Louvain que le roi Guillaume venait de rouvrir. A 22 ans, il était inscrit au barreau de Bruxelles et ses relations familiales lui permirent de devenir bibliothécaire de la ville. Peu après, la bienveillance du ministre de l'Intérieur, Van Gobbelschroy, un des seuls Belges du Gouvernement, lui valut de recevoir la charge de conservateur des manuscrits de la bibliothèque de Bourgogne qui deviendrait un jour la bibliothèque royale.
DSCN2833Le XIX siècle fut par excellence le siècle des avocats et Sylvain Van de Weyer eut la chance d'être choisi comme conseil par de Potter, pamphlétaire de renom et doctrinaire impénitent qui publiait dans 1'« Argus», journal d'opposition, des articles violents contre le Gouvernement du roi Guillaume: «Jusqu'ici, écrivait-il, on a traqué les Jésuites ; bafouons, honnissons, poursuivons les ministériels. » Le Roi commit l'erreur de déférer aux tribunaux l'auteur de cette «lettre à Démophile» qui devint, du jour au lendemain, l'homme le plus populaire des provinces méridionales.
Malgré le talent de son avocat, obligé de plaider en néerlandais pour un prévenu qui ne connaissait que le français, de Potter fut condamné à huit ans de bannissement et partit pour la France. La plaidoirie antiministérielle de Van de Weyer lui valut de perdre sa place de conservateur des manuscrits de la bibliothèque de Bourgogne et d'acquérir une grande popularité dans la capitale.
Il se trouvait à Louvain durant les vacances judiciaires de l'été 1830 lorsque se produisirent, à Bruxelles, les événements du mois d'août. Deux jours plus tard, Van de Weyer accourait dans la capitale où sa popularité lui valut d'être nommé membre de la commission de Sûreté qui, après l'effondrement de la Régence, s'efforçait de maintenir l'ordre dans la ville.
Malheureusement, l'anarchie régnait partout et la garde bourgeoise ne tarda pas à être débordée. A la nouvelle que le roi Guillaume faisait avancer vers Bruxelles une armée de 15.000 hommes sous le commandement du prince Frédéric, la commission de Sûreté se disloqua et, Van de Weyer croyant la partie perdue, prit le chemin de la France. Il faut le dire, ce fut le peuple de Bruxelles qui, dans la journée du 23 septembre, résista seul aux troupes hollandaises.
Lorsqu'il apprit la nouvelle à Valenciennes, où il s'était arrêté à l'auberge du «Canard sauvage» pour y rencontrer de Potter, Van de Weyer décida immédiatement de regagner la capitale. Par Peruwelz, Leuze, Ath et Enghien, où il s'arrêta au soir du 24 pour se reposer et haranguer en flamand et en français, une population surexcitée par les échos de la lutte, il arriva dans la capitale dans la journée du 25 septembre. Le comité de Sureté s'était reconstitué sous le nom de commission administrative qui deviendrait, deux jours plus tard, le Gouvernement provisoire.
Dans la soirée du 27 septembre, de Potter arriva également à Bruxelles où la population lui fit un accueil triomphal. Seulement, de Potter était un esprit faux, qui rêvait d'une république laïque et démocratique, totalement impossible dans l'Europe de 1830.
Le directeur de la Sûreté, qui s'appelait Plaisant et prenait tout au tragique, accourut à l'hôtel de ville annoncer que de Potter se dirigeait vers le palais royal et se proposait de se faire proclamer dictateur. Très calme, Van de Weyer demanda au directeur de la Sûreté s'il disposait d'un appartement et comme Plaisant répondait que le second étage de sa maison était libre, Van de Weyer reprit: « Donnez-le lui, car il n'y a pas de Dictateur au second étage. »
Elu au Congrès National par les électeurs de Bruxelles, Van de Weyer montra immédiatement son intérêt pour les affaires extérieures. Sa parfaite connaissance de l'anglais qu'il devait à un ami de sa famille, lui facilitait les choses et le fit désigner pour être le premier envoyé officieux du Gouvernement Provisoire auprès du cabinet anglais. Arrivé à Londres au début du mois de novembre, il rencontra Wellington qui était sur le point de n'être plus ministre et lord Palmerston qui ne l'était pas encore. Le vainqueur de Napoléon n'aimait pas les révolutionnaires et ne s'en cacha guère. Palmerston les aimait beaucoup, à condition qu'ils ne fussent pas anglais et ne le cacha pas.
Les deux ministres conseillèrent vivement à l'envoyé du Gouvernement Provisoire de mettre fin rapidement aux combats afin de ne pas troubler la paix de l’Europe ; l'avenir, lui dirent-ils, appartiendrait à la conférence de Londres, dont le roi Guillaume venait fort imprudemment de demander la réunion. Rentré à Bruxelles pour l'ouverture du Congrès National, Van de Weyer conseilla d'accepter la suspension d'armes proposée par la Conférence, ce qui signifiait au moins la reconnaissance implicite du nouveau régime par l'Europe.
Après ce premier succès, ses collègues l'envoyèrent à Paris, aux fins de connaître les intentions de Louis-Philippe. Il semble certain qu'à ce moment, Van de Weyer se laissa prendre au mirage français et qu'il crut pouvoir compter sur l'appui inconditionnel du cabinet de Paris, ce qui explique probablement son vote en faveur du duc de Nemours lors de l'élection d'un Roi. Il espérait pouvoir compter sur l'appui de la France pour repousser les propositions de la Conférence de Londres qui, par son protocole du 20 janvier 1831, avait accepté l'indépendance de la Belgique en laissant au roi Guillaume une partie du Limbourg et le Luxembourg tout entier. Sylvain Van de Weyer ne semblait pas saisir que les propositions de la Conférence avaient reçu l'accord de de Talleyrand, ambassadeur de Louis-Philippe à Londres.
Qu'un homme intelligent comme lui ait pu se laisser prendre au mirage français, peut paraître surprenant, mais la majorité des membres du Congrès s'y montra longtemps sensible et seuls quelques rares hommes, tels que Lebeau ou Devaux, ne crurent jamais ni au désintéressement, ni à l'appui inconditionnel du cabinet de Paris. En réalité, nous touchons de près les rayons et les ombres de Sylvain Van de Weyer. Il est un habile diplomate, plus qu'un grand homme d'Etat ; il exécute mieux les instructions qu'il reçoit, qu'il ne conçoit un grand dessein politique. Plus tard, avec un homme aussi avisé que le roi Léopold, il sera un très grand ministre plénipotentiaire ; il n'était peut-être pas fait pour occuper les premiers rangs, qu'au fond, il ne semble jamais avoir réellement ambitionnés.
Après l'échec de la candidature du duc de Nemours, l'élection du bon Régent valut à Sylvain Van de Weyer d'être le Premier ministre des Affaires Etrangères de la Belgique indépendante ; pas pour longtemps puisque le cabinet se disloqua au bout d'un mois, ce qui permit à Joseph Lebeau de montrer la maturité de son intelligence et de son caractère. Peut-être pour se réserver seul la direction des Affaires Etrangères, le nouveau ministre fut-il très heureux de pouvoir envoyer son prédécesseur en qualité de commissaire auprès de la Conférence de Londres, pour remplacer le comte d'Aerschot dont la bonne volonté n'avait d'égale que l'incompétence, mais, durant les trois mois qui suivirent, Van de Weyer eut le mérite d'apporter à Joseph Lebeau, le concours le plus loyal pour l'exécution d'une politique qu'il n'avait pas conçue. Il parvint surtout à conquérir l'estime du prince Léopold qui, à la veille de quitter l'Angleterre, obtint de lord Palmerston, l'agréation de Sylvain Van de Weyer, en qualité de ministre de Belgique à Londres. Dix jours plus tard, à Bruxelles, le Roi signa les lettres de créance.
Sylvain Van de Weyer resta à son poste durant près de 36 ans et, à l'exception de deux brèves interruptions, il ne devait plus quitter Londres. Profitant de la trêve intervenue en 1833, entre la Belgique et la Hollande, le Roi lui demanda d'accompagner, à Lisbonne, son neveu Ferdinand, chargé d'implanter au Portugal, la dynastie des Cobourg et le régime constitutionnel. Des raisons de santé, probablement diplomatiques, le ramenèrent bientôt à Londres où il retrouva sa légation et l'éternel problème hollando-belge.
Brusquement, en 1838, le roi Guillaume accepta, sous la pression de l'opinion hollandaise, lassée d'entretenir une armée qui ne servait à rien et de payer des dettes qui n'étaient pas entièrement les siennes, de signer le traité des XXIV articles. Mais, alors que les ministres belges se nourrissaient encore d'illusions et espéraient pouvoir procéder au rachat des territoires contestés, Sylvain Van de Weyer, bien renseigné par Lord Palmerston, ne crut jamais à la possibilité de modifier le traité. C'est en vain que le roi Léopold envoya en Angleterre son secrétaire privé, Jules Van Praet et le premier président de la Cour de Cassation, le baron de Gerlache, chargés d'offrir le rachat des provinces du Limbourg et du Luxembourg. Van Praet, célibataire endurci, écrivit à Bruxelles en parlant de Van de Weyer: «L 'amour le rend aveugle », car l'envoyé belge venait de se fiancer avec miss Bates, fille d'un des directeurs de la banque Barring et riche industriel. Les faits devaient donner raison au ministre plénipotentiaire et le roi Léopold finit par signer le contrat de mariage et le traité des XXIV articles.
Au lendemain de la signature, la situation de Van de Weyer s'améliora considérablement dans le milieu diplomatique de la capitale anglaise. Son riche mariage lui permettait de mener grand train de vie et de fréquenter le monde politique, la noblesse et la haute bourgeoisie anglaises. Il était devenu l'ami de presque tous les ministres et les salons conservateurs, longtemps demeurés hostiles à la révolution belge, lui ouvrirent leurs portes. Cette situation privilégiée lui permit en 1841 de mettre en garde le cabinet de Bruxelles et le roi Léopold, contre une union économique franco-belge, considérée par Palmerston comme une violation à peine déguisée du statut de neutralité de la Belgique.
Lorsqu'en 1845, Nothomb las et découragé, abandonna le pouvoir, le Roi, toujours fidèle à l'unionisme et ne trouvant plus personne pour le pratiquer, fit appel à Sylvain Van de Weyer, pour continuer une politique qui se mourait. Sans enthousiasme, mais par fidélité envers le Roi, Van de Weyer accepta en faisant préciser que s'il devait échouer, il retrouverait sa légation anglaise.
Le ministère constitué le 30 juillet 1845 ne dura que huit mois ; composé de trois catholiques et de trois libéraux, il porte dans l'Histoire le surnom de « Ministère de la Parenthèse », en raison de sa brièveté.
Le nouveau chef de cabinet n'avait jamais caché ses sentiments: il était un rationaliste convaincu, mais en politique intérieure, il entendait suivre les aspirations de la pensée libérale, non pas contre, mais avec les catholiques. Cette sagesse politique lui réussit assez bien, aussi longtemps qu'il n'aborda que des questions administratives et sans portée politique. C'est ainsi qu'avec l'aide de Quetelet, il put réorganiser l'Académie royale, fondée jadis par l'impératrice Marie- Thérèse et la diviser en classe des Sciences, classe des Lettres et des Sciences Politiques et classe des Beaux-Arts. Il eut même le mérite d'encourager les lettres flamandes dans un discours demeuré célèbre et prononcé à l'université de Gand.
Bientôt cependant, il allait se heurter au problème scolaire ; il voulut faire adopter une loi sur l'enseignement secondaire, basée sur les mêmes principes qui avaient assuré le succès de la loi de 1842, mais en tenant compte de l'évolution des esprits et en donnant aux libéraux des satisfactions qu'il estimait légitimes.
N'étant pas parvenu à concilier le point de vue des catholiques et des libéraux, il préféra se retirer à la fin du mois de mars 1846 et regagna sa légation anglaise.
Il devait demeurer ministre du Roi à Londres jusqu'en 1867. Toujours très au courant de la politique britannique, jouissant de la confiance de la Reine et du Prince Consort, il fut, comme Nothomb à Berlin, autant le ministre du Roi, que celui du Gouvernement belge.
Avec les années, sa santé s'était altérée et il souffrait de crises de goutte et de rhumatisme. On le voyait se promener, dans les salons, le bras soutenu par son Grand Cordon de l'Ordre de Léopold, et disant en souriant: « Mes honneurs me soutiennent. »
Une fois encore, il eut l'occasion de représenter la Belgique lors d'une conférence internationale en 1867, à la seconde conférence de Londres chargée de régler la question du Luxembourg. La Confédération germanique ayant été dissoute par la victoire de Sadowa, Napoléon III exigea le démembrement de la forteresse de Luxembourg, dont la garde avait été confiée en 1815 à la Prusse, pour protéger l'Europe contre les ambitions françaises : Van de Weyer croyait qu'il y avait moyen de réannexer à la Belgique le Grand-Duché détaché en 1839. Sur les conseils de Nothomb, appuyé par Frère Orban, et plus discrètement par Léopold II, le Cabinet belge n'osa pas formuler la demande et Van de Weyer attendit des instructions qu’il ne reçut jamais.
La Conférence terminée, vieilli avant l'âge, le ministre belge donna sa démission et demeura à Londres. Ses enfants étaient naturalisés anglais ; lui-même s'était fait construire, à New Lodge près de Windsor, un magnifique château, doté d'une fort belle bibliothèque. Peu à peu, les compagnons des luttes de 1830 quittaient la scène de l'Histoire. Depuis longtemps le bon Régent avait remis à son Créateur, son âme naïve ; Lebeau était mort, probablement réconcilié avec Dieu et certainement avec le Roi. Le vieux Souverain qui lui écrivait de si belles lettres : «Mon cher et affectionné Ministre» s'était éteint un matin de décembre dans la solitude du château de Laeken ; de Muelenaere, le général Goblet, le comte de Mérode avaient disparu ; Rogier avait abandonné le pouvoir et le baron Nothomb était ministre à Berlin.
A demi paralysé, Van de Weyer survivait à son passé, cloîtré dans sa bibliothèque, chaque jour un peu plus seul...
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(Auszug aus J. BARTELOUS, Unsere Premierminister von Leopold I. bis Albert I. 1831-1934, Brüssel, Collet, 1983)
SYLVAIN VAN DE WEYER 1802-1874
Am Tag nach den Londoner Verträgen ging Sylvain Van de Weyer, der sehr rationalistische Bevollmächtigte Minister Seiner Majestät des Königs der Belgier am Hofe von St. James, fort und wiederholte: «Das neutrale und loyale Belgien braucht keine anderen
Kanonen als die der Kirche. »
Der geistreiche Minister, der diesen Witz aussprach, hätte, als er von seiner Geburt sprach, wie Victor Hugo deklamieren können:
Dieses Jahrhundert war zwei Jahre alt; Rom hatte Sparta ersetzt
Unter Bonaparte gelang bereits Napoleon der Durchbruch.
Der Dichter wurde jedoch in Besançon im Schatten des Granvelle-Palastes geboren und sein Vater war General, während Sylvain Van de Weyer in Löwen in der Nähe der Universitätshallen geboren wurde und sein Vater Polizeikommissar war.
Nach der Annexion Hollands an das Große Reich im Jahr 1810 wurde der Polizeikommissar nach Amsterdam geschickt, um seine Aufgaben beim Herzog von Plaisance, dem ehemaligen Bürger von Lebrun, dem dritten Konsul der Republik und ehemaligen Sekretär von Maupéou, dem Minister Ludwigs XV., zu erfüllen, der 1810 Gouverneur der neuen Departements wurde. Der Kommissar brachte natürlich seine Familie mit, und sein Sohn dachte einen Moment lang darüber nach, zur Marine zu gehen. Die Schlacht von Leipzig ließ ihn ferne Horizonte verlassen und nach Löwen an die friedlichen Ufer des Dyle zurückkehren, wo seine Eltern, Opfer des Unglücks der Zeit, nun dem göttlichen Buchhändlerberuf nachgingen.
Da Sylvain Van de Weyer kein Seemann sein konnte, beschloss er, Anwalt zu werden und schrieb sich an der Universität Löwen ein, die König Wilhelm gerade wiedereröffnet hatte. Mit 22 Jahren wurde er als Anwalt in Brüssel eingetragen und seine familiären Beziehungen ermöglichten es ihm, Bibliothekar der Stadt zu werden. Kurz darauf verschaffte ihm das Wohlwollen des Innenministers Van Gobbelschroy, eines der wenigen Belgier in der Regierung, die Position des Kurators für Manuskripte der Bibliothek von Burgund, die eines Tages zur königlichen Bibliothek werden sollte.
DSCN2833Das 19. Jahrhundert war das Jahrhundert der Anwälte schlechthin, und Sylvain Van de Weyer hatte das Glück, von de Potter, einem renommierten Pamphletisten und reuelosen Doktrinär, der in der Oppositionszeitung „Argus“ gewalttätige Artikel veröffentlichte, als Anwalt ausgewählt zu werden die Regierung von König Wilhelm: „Bisher“, schrieb er, „wurden die Jesuiten gejagt; Lasst uns die Minister lächerlich machen, verleumden und verfolgen. Der König machte den Fehler, den Autor dieses „Briefes an Demophile“ vor Gericht zu bringen, der über Nacht zum beliebtesten Mann in den südlichen Provinzen wurde.
Trotz des Talents seines Anwalts, der gezwungen war, auf Niederländisch für einen Angeklagten zu plädieren, der nur Französisch konnte, wurde de Potter zu acht Jahren Verbannung verurteilt und ging nach Frankreich. Van de Weyers antiministerielles Plädoyer führte dazu, dass er seine Position als Kurator der Manuskripte der burgundischen Bibliothek verlor und in der Hauptstadt große Popularität erlangte.
Er war während der Gerichtsferien im Sommer 1830 in Löwen, als sich in Brüssel die Ereignisse vom August ereigneten. Zwei Tage später eilte Van de Weyer in die Hauptstadt, wo ihm seine Popularität die Ernennung zum Mitglied der Sicherheitskommission einbrachte, die sich nach dem Zusammenbruch der Regentschaft darum bemühte, die Ordnung in der Stadt aufrechtzuerhalten.
Leider herrschte überall Anarchie und die bürgerliche Garde war bald überwältigt. Als die Nachricht kam, dass König Wilhelm mit einer Armee von 15.000 Mann unter dem Kommando von Prinz Friedrich in Richtung Brüssel vorrückte, löste sich die Sicherheitskommission auf und Van de Weyer glaubte, das Spiel sei verloren, und machte sich auf den Weg nach Frankreich. Es muss gesagt werden, dass es die Brüsseler waren, die am 23. September als einzige den niederländischen Truppen Widerstand leisteten.
Als er die Nachricht in Valenciennes hörte, wo er im Gasthaus „Wilde Ente“ Halt gemacht hatte, um de Potter zu treffen, beschloss Van de Weyer sofort, in die Hauptstadt zurückzukehren. Über Peruwelz, Leuze, Ath und Enghien, wo er am Abend des 24. Halt machte, um sich auszuruhen und auf Flämisch und Französisch eine Ansprache zu halten, gelangte er am 25. September vor einer vom Echo des Kampfes überreizten Bevölkerung in die Hauptstadt. Der Sicherheitsausschuss war unter dem Namen Verwaltungskommission neu konstituiert worden, aus der zwei Tage später die Provisorische Regierung hervorgehen sollte.
Am Abend des 27. September traf auch de Potter in Brüssel ein, wo ihm die Bevölkerung einen triumphalen Empfang bereitete. Nur war de Potter ein falscher Geist, der von einer säkularen und demokratischen Republik träumte, die im Europa von 1830 völlig unmöglich war.
Der Direktor der Sûreté, der Joking genannt wurde und alles tragisch auffasste, eilte zum Rathaus, um zu verkünden, dass de Potter zum königlichen Palast unterwegs sei, und schlug vor, sich zum Diktator ausrufen zu lassen. Ganz ruhig fragte Van de Weyer den Direktor der Sûreté, ob er eine Wohnung hätte, und als Plaisant antwortete, dass der zweite Stock seines Hauses frei sei, fuhr Van de Weyer fort: „Geben Sie sie ihm, denn dort ist kein Platz.“ Im zweiten Stock gibt es keinen Diktator. »
Van de Weyer wurde von den Brüsseler Wählern in den Nationalkongress gewählt und zeigte sofort sein Interesse an auswärtigen Angelegenheiten. Seine perfekten Englischkenntnisse, die er einem Freund seiner Familie verdankte, erleichterten ihm die Arbeit und führten dazu, dass er zum ersten inoffiziellen Gesandten der Provisorischen Regierung im englischen Kabinett ernannt wurde. Als er Anfang November in London ankam, traf er Wellington, der kurz davor stand, kein Minister mehr zu sein, und Lord Palmerston, der es noch nicht war. Napoleons Eroberer mochte keine Revolutionäre und machte daraus keinen Hehl. Palmerston mochte sie sehr, vorausgesetzt, sie waren keine Engländer und verbarg es nicht.
Die beiden Minister rieten dem Gesandten der Provisorischen Regierung eindringlich, die Kämpfe schnell zu beenden, um den Frieden in Europa nicht zu stören; Die Zukunft, sagten sie ihm, würde der Konferenz von London gehören, um deren Zusammenkunft König Wilhelm gerade aus Unvorsichtigkeit gebeten hatte. Als Van de Weyer zur Eröffnung des Nationalkongresses nach Brüssel zurückkehrte, empfahl er, die von der Konferenz vorgeschlagene Aussetzung der Waffen zu akzeptieren, was zumindest die stillschweigende Anerkennung des neuen Regimes durch Europa bedeutete.
Nach diesem ersten Erfolg schickten ihn seine Kollegen nach Paris, um die Absichten Louis-Philippes herauszufinden. Es scheint sicher, dass sich Van de Weyer in diesem Moment von der französischen Fata Morgana täuschen ließ und glaubte, er könne auf die bedingungslose Unterstützung des Pariser Kabinetts zählen, was wahrscheinlich seine Stimme für den Herzog von Nemours bei der Wahl erklärt eines Königs. Er hoffte, auf die Unterstützung Frankreichs zählen zu können, um die Vorschläge der Londoner Konferenz abzulehnen, die mit ihrem Protokoll vom 20. Januar 1831 die Unabhängigkeit Belgiens akzeptiert hatte, während König Wilhelm einen Teil von Limburg und Luxemburg beließ. Sylvain Van de Weyer schien nicht zu begreifen, dass die Vorschläge der Konferenz die Zustimmung von de Talleyrand, Louis-Philippes Botschafter in London, gefunden hatten.
Dass sich ein intelligenter Mann wie er von der französischen Fata Morgana hätte einfangen lassen können, mag überraschend erscheinen, aber die Mehrheit der Kongressmitglieder zeigte sich lange Zeit dafür sensibel und nur wenige wenige Männer, wie Lebeau oder Devaux glaubten weder an die Desinteresse noch an die bedingungslose Unterstützung des Pariser Kabinetts. In Wirklichkeit sind wir den Strahlen und Schatten von Sylvain Van de Weyer ganz nah. Er ist ein geschickter Diplomat, mehr als ein großer Staatsmann; Er führt die Anweisungen, die er erhält, besser aus, als dass er sich einen großen politischen Plan ausdenkt. Später wird er mit einem so weisen Mann wie König Leopold ein sehr großer Bevollmächtigter des Ministers sein; Er war vielleicht nicht dafür geschaffen, die ersten Ränge zu besetzen, was er in seinem tiefsten Inneren offenbar nie wirklich angestrebt hatte.
Nach dem Scheitern der Kandidatur des Herzogs von Nemours brachte die Wahl des guten Regenten Sylvain Van de Weyer die Position des Außenministers des unabhängigen Belgiens ein; Es dauerte nicht lange, bis das Kabinett nach einem Monat auseinanderfiel, was es Joseph Lebeau ermöglichte, die Reife seiner Intelligenz und seines Charakters zu zeigen. Vielleicht um die Leitung der auswärtigen Angelegenheiten allein zu behalten, war der neue Minister sehr froh, seinen Vorgänger als Kommissar zur Londoner Konferenz entsenden zu können, um den Grafen von Aerschot zu ersetzen, dessen guter Wille nur von Inkompetenz übertroffen wurde, aber während der Drei Monate später hatte Van de Weyer das Verdienst, Joseph Lebeau die treueste Unterstützung für die Umsetzung einer Politik zu verschaffen, die er nicht entworfen hatte. Vor allem gelang es ihm, die Wertschätzung von Prinz Leopold zu gewinnen, der am Vorabend seiner Abreise aus England von Lord Palmerston die Zustimmung von Sylvain Van de Weyer zum belgischen Minister in London erhielt. Zehn Tage später unterzeichnete der König in Brüssel das Beglaubigungsschreiben.
Sylvain Van de Weyer blieb fast 36 Jahre lang in seinem Amt und sollte London, mit Ausnahme von zwei kurzen Unterbrechungen, nie verlassen. Der König nutzte den Waffenstillstand zwischen Belgien und Holland im Jahr 1833 und bat ihn, seinen Neffen Ferdinand nach Lissabon zu begleiten, der für die Gründung der Coburger Dynastie und des verfassungsmäßigen Regimes in Portugal verantwortlich war. Gesundheitliche, wahrscheinlich diplomatische Gründe führten ihn bald zurück nach London, wo er seine Gesandtschaft und das ewige niederländisch-belgische Problem vorfand.
Plötzlich, im Jahr 1838, stimmte König Wilhelm unter dem Druck der niederländischen öffentlichen Meinung, der es leid war, eine nutzlose Armee zu unterhalten und Schulden zu begleichen, die nicht ganz seine eigenen waren, zu, den Vertrag über die XXIV. Punkte zu unterzeichnen. Doch während die belgischen Minister noch Illusionen hegten und hofften, mit der Rücknahme der umstrittenen Gebiete fortfahren zu können, glaubte Sylvain Van de Weyer, der von Lord Palmerston gut informiert war, nie an die Möglichkeit einer Vertragsänderung. Vergeblich schickte König Leopold seinen Privatsekretär Jules Van Praet und den ersten Präsidenten des Kassationshofs, Baron de Gerlache, nach England, um den Rückkauf der Provinzen Limburg und Luxemburg anzubieten. Van Praet, ein hartgesottener Junggeselle, schrieb in Brüssel über Van de Weyer: „Liebe macht ihn blind“, weil der belgische Gesandte sich gerade mit Miss Bates, der Tochter eines der Direktoren der Barring-Bank und reichen Industriellen, verlobt hatte. Die Fakten sollten den bevollmächtigten Minister beweisen und König Leopold unterzeichnete schließlich den Ehevertrag und den Vertrag der XXIV. Artikel.
Am Tag nach der Unterzeichnung verbesserte sich die Situation von Van de Weyer in den diplomatischen Kreisen der englischen Hauptstadt erheblich. Seine reiche Ehe ermöglichte es ihm, einen großartigen Lebensstil zu führen und häufig in der politischen Welt, im Adel und in der englischen Oberschicht zu verkehren. Er war zum Freund fast aller Minister geworden und die konservativen Salons, die der belgischen Revolution lange Zeit feindlich gesinnt waren, öffneten ihm ihre Türen. Diese privilegierte Situation ermöglichte es ihm 1841, das Brüsseler Kabinett und König Leopold vor einer französisch-belgischen Wirtschaftsunion zu warnen, die Palmerston als kaum verhüllten Verstoß gegen den Neutralitätsstatus Belgiens ansah.
Als Nothomb 1845 müde und entmutigt die Macht aufgab, forderte der König Sylvain Van de Weyer auf, die aussterbende Politik fortzusetzen, da er immer noch der Gewerkschaftsbewegung treu blieb und niemanden mehr fand, der sie ausübte. Ohne Begeisterung, aber aus Loyalität gegenüber dem König, nahm Van de Weyer das Angebot an und machte deutlich, dass er im Falle eines Scheiterns seine englische Gesandtschaft finden würde.
Das am 30. Juli 1845 konstituierte Ministerium dauerte nur acht Monate; Es besteht aus drei Katholiken und drei Liberalen und wurde wegen seiner Kürze in der Vergangenheit auch als „Ministerium der Parenthese“ bezeichnet.
Der neue Kabinettschef hatte seine Gefühle nie verborgen: Er war ein überzeugter Rationalist, aber in der Innenpolitik wollte er den Bestrebungen des liberalen Denkens folgen, nicht gegen, sondern mit den Katholiken. Diese politische Weisheit gelang ihm recht gut, solange er sich nur mit Verwaltungsfragen ohne politische Bedeutung befasste. So gelang es ihm mit Hilfe von Quetelet, die vor langer Zeit von Kaiserin Marie-Thérèse gegründete Königliche Akademie neu zu organisieren und sie in eine Klasse für Naturwissenschaften, eine Klasse für Briefe und Politikwissenschaften und eine Klasse für Bildende Künste zu unterteilen. Kunst. Er hatte sogar das Verdienst, die flämische Literatur in einer immer noch berühmten Rede an der Universität Gent zu fördern.
Bald jedoch würde er auf das Schulproblem stoßen; Er wollte ein Gesetz über die Sekundarschulbildung verabschieden, das auf den gleichen Grundsätzen beruhte, die den Erfolg des Gesetzes von 1842 sichergestellt hatten, aber die geistige Entwicklung berücksichtigen und den Liberalen Genugtuungen gewähren sollte, die er für legitim hielt.
Da es ihm nicht gelang, die Standpunkte der Katholiken und der Liberalen in Einklang zu bringen, zog er es vor, Ende März 1846 in den Ruhestand zu gehen und zu seiner englischen Gesandtschaft zurückzukehren.
Er blieb bis 1867 Minister des Königs in London. Stets bestens über die britische Politik informiert, genoss er das Vertrauen der Königin und des Prinzgemahls und war wie Nothomb in Berlin ebenso Minister des Königs wie Minister der belgischen Regierung.
Im Laufe der Jahre verschlechterte sich sein Gesundheitszustand und er litt unter Gichtanfällen und Rheuma. Man sah ihn durch die Salons gehen, den Arm auf seinen Großkordon des Leopold-Ordens gestützt, und lächelnd sagen: „Meine Ehren unterstützen mich.“ »
Erneut hatte er die Gelegenheit, Belgien auf einer internationalen Konferenz im Jahr 1867 zu vertreten, auf der zweiten Londoner Konferenz, die für die Regelung der Luxemburg-Frage zuständig war. Nachdem die Germanische Konföderation durch den Sieg von Sadowa aufgelöst worden war, forderte Napoleon III. die Zerstückelung der Festung Luxemburg, deren Bewachung 1815 Preußen anvertraut worden war, um Europa vor französischen Ambitionen zu schützen: Van de Weyer glaubte, dass es einen Weg dazu gab Annexion des 1839 abgetrennten Großherzogtums an Belgien. Auf Anraten von Nothomb, unterstützt von Bruder Orban und diskreter von Leopold II., wagte das belgische Kabinett nicht, den Antrag zu formulieren, und Van de Weyer wartete auf Anweisungen, die er jedoch nie wahrnahm erhalten.
Nachdem die Konferenz zu Ende war, trat der belgische Minister zurück und blieb in London. Seine Kinder waren eingebürgerte Engländer; Er selbst hatte sich in New Lodge in der Nähe von Windsor ein prächtiges Schloss bauen lassen, das mit einer sehr schönen Bibliothek ausgestattet war. Nach und nach verließen die Gefährten der Kämpfe von 1830 die Bühne der Geschichte. Der gute Regent hatte seine naive Seele längst seinem Schöpfer übergeben; Lebeau war tot, wahrscheinlich mit Gott und sicherlich mit dem König versöhnt. Der alte Herrscher, der ihm so schöne Briefe schrieb: „Mein lieber und liebevoller Minister“, starb eines Dezembermorgens in der Einsamkeit des Schlosses von Laeken; de Muelenaere, General Goblet, der Comte de Merode war verschwunden; Rogier hatte die Macht abgegeben und Baron Nothomb wurde Minister in Berlin.
Halb gelähmt überlebte Van de Weyer seine Vergangenheit, zurückgezogen in seiner Bibliothek, jeden Tag ein bisschen einsamer ...
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